Déconstruire des stéréotypes et des idées reçues avec Helen Buzlaff, formatrice GEIQ
Lâaccompagnement dâun salariĂ© en situation de handicap ne sâimprovise pas. Au GEIQ, nous aidons les tuteurs en entreprise ainsi que tous les collaborateurs Ă adopter la bonne posture pour un retour Ă lâemploi durable.
Pour former nos tuteurs, nous pouvons compter sur le talent dâHelen Burzlaff, consultante coach formatrice indĂ©pendante depuis 2014. Helen est une femme passionnĂ©e et passionnante qui met ses compĂ©tences et son expĂ©rience personnelle au service de ceux qui souhaitent changer leur regard sur le handicap.
Dans cette interview, nous vous proposons de dĂ©couvrir le parcours dâHelen ainsi que le contenu de nos formations tuteurs. Bonne lecture !
Bonjour Helen, peux-tu nous parler de ton domaine dâexpertise ?
« Lâoffre de CFHB repose sur deux champs : la lutte contre toutes les formes de discrimination au travail avec une spĂ©cialisation sur le handicap au travail ainsi que la lutte contre les risques psycho-sociaux.
Il y a une phrase qui rĂ©sume particuliĂšrement bien ma mission câest « bien vivre, ensemble, durablement, au travail ». Pour y rĂ©pondre, jâinterviens avec trois postures diffĂ©rentes en fonction des besoins. Dâabord en ma qualitĂ© de formatrice professionnelle Qualiopi, je propose aussi du conseil en entreprise et je suis Ă©galement coach professionnelle certifiĂ©e.
Mon accompagnement sâadresse Ă tous les salariĂ©s, de lâagent dâaccueil jusquâau PDG, dans tous les secteurs dâactivitĂ©s et pour toutes tailles dâentreprises. »
Quâest ce qui tâa poussĂ©e Ă crĂ©er ton entreprise ?
« Jâavais un besoin viscĂ©ral de faire passer mes valeurs et ma vision de la femme et de lâhomme en entreprise avant tout⊠et de le faire de la façon la plus libre possible ! Aussi, lorsque jâĂ©tais salariĂ©e, je travaillais dĂ©jĂ sur la question du handicap et je me suis encore plus spĂ©cialisĂ©e aprĂšs mon cancer en 2012. Et puis jâai toujours eu une grande curiositĂ©, jâaime voir et comprendre ce quâil se passe ailleurs ! »
Peux-tu retracer ton parcours avec le GEIQ Emploi & Handicap ?
« Notre histoire a commencĂ© alors que jâĂ©tais encore salariĂ©e en 2011. Mon employeur Ă©tait une entreprise adhĂ©rente du GEIQ Emploi & Handicap et câest tout naturellement que nous avons travaillĂ© ensemble lorsque je me suis lancĂ©e dans ma propre activitĂ©, en plus je suis moi-mĂȘme en situation de handicap. Dâailleurs, en tant que travailleur indĂ©pendant handicapĂ© (TIH), mes prestations entrent dans le cadre des obligations lĂ©gales liĂ©es Ă lâemploi des personnes en situation de handicap et son donc partiellement dĂ©ductibles de la DOETH ».
Depuis trois ans, tu accompagnes les tuteurs en entreprise Ă travers une formation spĂ©cialement crĂ©Ă©e pour eux. Quâest ce qui a motivĂ© sa crĂ©ation ?
« Les managers sont de plus en plus souvent confrontĂ©s aux rĂ©sultats des politiques dâentreprise qui ont des obligations dâemplois de personnes en situation de handicap et plus largement de publics issus de la diversitĂ©. Ils doivent donc aborder leur mĂ©tier dâune façon diffĂ©rente et ne sont pas outillĂ©s pour le faire. Exercer une mission tutorale est dĂ©jĂ en soi, un mĂ©tier qui ne sâimprovise pas. Elle demande une technicitĂ© et des outils de gestion de relations humaines. Le tuteur doit avoir une posture particuliĂšre et une bonne comprĂ©hension des mĂ©canismes dâapprentissage ».
En quoi câest spĂ©cifique dâĂȘtre tuteur dâun alternant en situation de handicap ?
« Tout dâabord, le tuteur doit faire un vrai travail sur ses propres stĂ©rĂ©otypes et reprĂ©sentations. Nous avons tous notre propre vision du handicap et le tuteur doit ĂȘtre conscient de ses prĂ©jugĂ©s pour les dĂ©passer dans le cadre de lâexercice de sa fonction de tuteur. Avoir des aprioris ce nâest pas grave ! Le tout câest de les connaĂźtre et de sâen mĂ©fier pour ne pas mettre en Ćuvre des comportements discriminants.
Et comme on a moins peur de ce que lâon connaĂźt, lâidĂ©e câest de donner un panorama dâensemble de ce quâest le handicap, des formes quâil prend, de ses consĂ©quences sur lâactivitĂ© professionnelle et sur lâindividu. Lorsquâon manage une personne en situation de handicap, il est nĂ©cessaire de porter une attention accrue Ă la question de la capacitĂ© Ă faire du salariĂ© accompagnĂ© ».
Tous les handicaps sâaccompagnent de la mĂȘme façon ?
« Oui et câest ça qui Ă©tonne le plus souvent ! Et ça va mĂȘme plus loin : on accompagne de la mĂȘme façon tous les types de handicap mais on devrait aussi accompagner de la mĂȘme façon un alternant valide et un alternant handicapĂ©. Handicap ou pas, les actes managĂ©riaux sont les mĂȘmes que ce soit le dĂ©roulement de lâentretien, la fixation des objectifs ou lâĂ©valuation de la performance.
La diffĂ©rence câest le regard que le tuteur porte sur lâalternant. Sâil part de lâidĂ©e que son alternant est handicapĂ© et que, pour cette raison, il sait moins faire, de fait il va se tromper dans la façon dont il lâaborde.
Je me souviens du tĂ©moignage dâun tuteur en formation qui Ă©tait trĂšs attristĂ© par le dĂ©part de son alternant. Ils avaient dĂ» mettre fin au contrat au bout dâun trimestre et le tuteur sâĂ©tait attribuĂ© la responsabilitĂ© de cet Ă©chec. AprĂšs notre journĂ©e de formation, il a compris que lâĂ©chec ne venait pas de lui mais du fait que les compĂ©tences de son alternant et ses capacitĂ©s dâapprentissage nâĂ©taient pas adaptĂ©es aux exigences de lâemploi. Les RH avaient recrutĂ© un alternant TH parce quâil Ă©tait TH et non parce quâil avait le profil pour lâemploi. Le tuteur est sorti dĂ©culpabilisĂ© ».
Avant mĂȘme dâaccompagner lâautre, il faut donc faire un travail sur soi-mĂȘme ?
« Oui et câest ça la grande valeur ajoutĂ©e de cette formation : aider Ă dĂ©construire des stĂ©rĂ©otypes et des idĂ©es reçues de façon Ă pouvoir exercer pleinement la fonction de tuteur.
Dâailleurs, jâai une anecdote oĂč le tuteur, qui Ă©tait lui-mĂȘme en situation de handicap (en fauteuil roulant), est arrivĂ© super mĂ©fiant Ă la formation. Il pensait ne rien apprendre puisquâil Ă©tait lui-mĂȘme handicapĂ© depuis sa naissance. Ă la fin de journĂ©e, il mâa dit quâil nâavait pas conscience que son alternant handicapĂ© pouvait avoir une perception diffĂ©rente de la sienne.
Lui avait tendance Ă projeter sur tous les alternants handicapĂ©s la mĂȘme chose que ce que lui vivait. Sauf que lui Ă©tait handicapĂ© de naissance et que 85% des gens deviennent handicapĂ©s au cours de leur vie. Chaque situation est unique et câest ce qui fait la richesse du mĂ©tier de tuteur » !
Handicap ou pas, la posture doit ĂȘtre la mĂȘme mais quâen est-il du discours Ă employer ?
« Ăvidemment, les façons de sâadresser ou donner des consignes au collaborateur en situation de handicap peuvent ĂȘtre diffĂ©rentes dâune situation Ă lâautre. Par exemple, il est Ă©vident que lâon ne va pas dire Ă un alternant aveugle « lisez la consigne », câest le B.A-BA. La façon de communiquer la consigne doit ĂȘtre adaptĂ©e mais pas la consigne, câest une subtile diffĂ©rence ».
Peux-tu nous donner un aperçu du contenu de la formation tuteur ?
« Sur la forme, câest une journĂ©e de formation, organisĂ©e par le GEIQ, Ă Lille, Ă Marcq-en-BarĆul ou dans les locaux de lâentreprise.
Sur le fond, on va alterner apports thĂ©oriques sur le handicap comme les consĂ©quences de la pathologie ou des traitements, la dimension juridique et financiĂšre, le rĂŽle de chacun en interne⊠Mais ce qui rend cette formation unique câest quâelle a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e spĂ©cifiquement pour le GEIQ. On va aborder le suivi de lâalternant de maniĂšre trĂšs concrĂšte en rappelant le fonctionnement du GEIQ, en prĂ©sentant le livret de suivi de lâalternant, en rappelant le rĂŽle de tuteur. Câest trĂšs important car le GEIQ accompagne vraiment son salariĂ© handicapĂ© mais aussi lâentreprise accueillante. Câest une formation trĂšs ancrĂ©e dans la rĂ©alitĂ©. On a un taux de satisfaction de plus de 90%, jâen suis trĂšs fiĂšre ».
Quâest-ce que tu aimes le plus dans ton mĂ©tier ?
« La transmission et la petite lumiĂšre qui sâallume dans le regard des stagiaires quand ils prennent conscience que la personne en situation de handicap est avant tout un homme ou une femme et que le handicap devient accessoire ».
Tu es Ă lâorigine de lâassociation « Coaching Suspendu » qui accompagne le retour Ă lâemploi des personnes touchĂ©es par le cancer et la longue maladie ⊠peux-tu nous en dire plus ?
« Lâassociation Coaching Suspendu propose un accompagnement au retour Ă lâemploi par un coaching professionnel individuel. Le GEIQ est dâailleurs lâun de nos partenaires historiques !
Câest financĂ© par les entreprises de la rĂ©gion avec le modĂšle des cafĂ©s suspendus. ConcrĂštement, quand CFHB vend au GEIQ une journĂ©e de formation ou un coaching de lâun de ses collaborateurs, le GEIQ achĂšte une deuxiĂšme prestation au prix de 500 euros qui permet dâaccompagner une personne de lâassociation. Le soutien aux associations est vraiment ancrĂ© dans lâADN du GEIQ ».
As-tu un message Ă faire passer aux entreprises ?
« Halte Ă lâhandi-pocrisie ! Câest super de vous engager dans lâinsertion des personnes en situation de handicap mais pour bien le faire, pensez Ă outiller vos collaborateurs ! Au quotidien, je constate malheureusement beaucoup de « handiwashing » avec des entreprises qui, sur la forme, vont mettre en scĂšne la diversitĂ© mais sur le fond, vont mettre peu de mesures en place en interne.
Mon besoin a moi est dâaller au plus prĂšs du terrain, lĂ oĂč se passent les vraies actions, les propos, les blessures de lâĂąme pour Ă©viter que ça se renouvelle et faire en sorte de bien vivre, ensemble, durablement, au travail ».
Pour en savoir plus sur notre formation tuteur câest par ici !
NâhĂ©sitez pas Ă nous contacter.
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